2006 ― Fryderyk C. à William T.

2006
FRYDERYK C. À WILLIAM T., Barcarolle 8’
piano solo

présentation

Rejoignant le songe romantique développé dans Senso et anticipant son ultime avatar (2014), la suggestion d’une nouvelle pièce de concert pour piano solo destinée au Festival Chopin de Bagatelle m’avait été faite de longue date par le compositeur-poète Guy Sacre. Projeter le pianisme de Chopin en plein XXIe siècle, par-delà Bartók, Prokofiev et Messiaen, revenait pour moi à faire tourner les tables. C’est en quelque sorte ce que j’ai fait en imaginant une correspondance posthume entre deux prodigieux artistes dont on a peine à croire qu’ils aient réussi à manquer leur rencontre de leur vivant : Chopin et Turner. A l’Hôtel Lambert du prince Czartoryski – qu’ils fréquentèrent l’un et l’autre, mais jamais ensemble – ils auraient sans aucun doute parlé de Venise, et le peintre eût sans doute décidé le musicien à la connaître, alors que George en décida autrement.

Pourtant, Venise est tout entière dans la Barcarolle de 1846. Dans celle de 2006, Proust a laissé un sillage qui ne s’estompera plus, un chagrin d’outre-tombe que seul le piano est encore capable de porter, comme une parure ténébreuse.

Partition