1982-2012 ― Sainte-Sophie Reconsacrée

1982-2012
SAINTE-SOPHIE RECONSACRÉE, Requiem des Chrétiens d’Orient 45’
double chœur mixte (latin/grec), chœur d’enfants et orchestre (ou orgue)

  1. Requiem & Kyrie en mémoire du 29 mai 1453 Réd. orgue :
  2. du Livre de la Sagesse / Sophia Solomontos Réd. orgue :
  3. Psaume Réd. orgue :
  4. Credo / to Symbolon tis Pisteos Réd. orgue :
  5. Pater noster / Pater imon Réd. orgue :
  6. Sanctus / Trisagion Réd. orgue :
  7. Magnificat Réd. orgue :
présentation

Le titre en forme de manifeste ― Sainte-Sophie reconsacrée ― se veut étranger à tout esprit polémique et appelle la chrétienté à un ressourcement paisible. De par son sous-titre (Requiem des Chrétiens d’Orient), l’œuvre est un hommage et un rituel d’espérance et de réconciliation, pour que tant de souffrance ne soit pas vaine et pour conjurer l’oubli, massif en cette époque de révisionnisme historique et d’amnésie mondialisés.

Quel hommage pour réparer quel oubli ?

Hommage aux toutes premières communautés du Proche-Orient, d’Asie Mineure, de Grèce et de Rome, tous Ephésiens, Colossiens, Thessaloniciens, Galates, Hébreux, Corinthiens, Philippiens et autres bienheureux destinataires des Épîtres apostoliques et des premières évangélisations. Hommage aux Arméniens, Géorgiens, Coptes et Arabes, de l’Egypte au Caucase en passant par la Palestine, la Syrie, l’Anatolie et la Mésopotamie, qui ont recueilli et préservé cet héritage malgré l’adversité de leur destin. Hommage enfin au peuple grec, qui s’est fait le dépositaire de la Romanité aux époques les plus troublées d’un Occident ingrat à son égard jusqu’à l’abandon ; peuple admirable dont la langue, vecteur de la culture antique jusque sous les Romains, compte avec l’araméen ou syriaque parmi les premières langues liturgiques de la Chrétienté.

Le choc des civilisations a apporté ses siècles de malheur et d’indignité dans tous les camps. La sagesse est loin d’avoir vaincu ; c’est pourquoi la Sainte-Sagesse (Aghia Sophia) est fidèlement invoquée ici comme le don suprême fait à l’humanité. La Bible lui voue l’un de ses plus beaux livres, et la chrétienté lui a dédié le plus vénérable et monumental de ses temples, l’Ayasofya d’Istanbul (dernier avatar de Constantinople). Musulmans et Chrétiens ne peuvent-ils s’y retrouver dans la louange de la grandeur de Dieu et dans l’amour qu’il attend de nous ?

Les Chrétiens affirment que cet amour est celui-là même que réclame un enfant pour grandir, ou un homme humilié pour retrouver sa dignité, et que pour cela Dieu s’est incarné, de la crèche à la croix. Pour les Musulmans, il n’y a pas d’autre condition que de se soumettre à Sa volonté. Doit-on pour cela s’exclure mutuellement ? Les conceptions différentes de la fraternité, qu’elle soit adoptée comme précepte communautaire ou issue d’une conversion individuelle, ne doivent pas être dressées l’une contre l’autre.

Qu’au moins chacun reconnaisse à l’autre le droit de célébrer son culte dans les lieux qui lui appartiennent par fondation. Qu’ainsi Sainte-Sophie de Constantinople, la Grande Église des Chrétiens durant 1000 ans, puisse à nouveau recueillir leur prière ; qu’ainsi la Grande Mosquée de Cordoue revive de la foi de ses constructeurs. Qu’au temps de l’outrage réciproque succède celui d’une juste et fraternelle tolérance. Que Chrétiens et Musulmans parviennent à partager le même monde sans taxer l’autre d’infidèle, eux qui incarnent à leur manière une même fidélité au Créateur. Les uns et les autres lui sont également chers.






textes et traduction

N.B. : l’alphabet grec a été transcrit dans la partition en caractères latins, à l’exception des phonèmes caractéristiques θ (th dur anglais) δ (th doux anglais) et χ (ch doux allemand devant e et i, ch dur allemand devant a, o, ou, ainsi que devant toutes les consonnes). L’accentuation tonique est indiquée par l’accent aigu ; l’accent grave sur certains è rappelle seulement la voyelle constamment ouverte.

I ― Requiem et Kyrie ― 29 mai 1453
Requiem æternam dona eis Domine, et lux perpetua luceat eis.

Kyrie eleison

Te decet hymnus Deus in Sion et tibi reddetur votum in [Jerusalem] Constantinopolin.

Christe eleison

Exaudi orationem meam. Ad te omnis caro veniet.

Kyrie eleison

II ― Du Livre de la Sagesse (IX 1-4, 10-11, 13-19)
Deus patrum meorum, et Domine misericordiæ, qui fecisti omnia verbo tuo,
Dieu des Pères et Seigneur de miséricorde, toi qui, par ta parole, as fait l’univers,
Θeè patéron kè Kyrie tou eléous o pyísas ta pánda en lógo sou

et sapientia tua constituisti hominem, ut dominaretur creaturæ quæ a te facta est,
toi qui, par ta Sagesse, as formé l’homme pour dominer sur les créatures que tu as faites,
kè ti sofía sou kateskévasas ánθropon, ína δespózi ton ipó sou yenoménon ktismáton

ut disponat orbem terrarum in æquitate et justitia, et in directione cordis judicium judicet :
pour régir le monde en sainteté et en justice et exercer le jugement en droiture d’âme,
kè δiépi ton kósmon en ossiótiti kè dikeossíni kè en efθítiti psiχís kríssin kríni,

da mihi sedium tuarum assistricem sapientiam, et noli me reprobare a pueris tuis.
donne-moi celle qui partage ton trône, la Sagesse, et ne me rejette pas du nombre de tes enfants.
δós mi tín ton son θrónon páreδron sofían kè mí me apoδokimássis ek péδon sou.

Mitte illam de cælis sanctis tuis, et a sede magnitudinis tuæ,
Mande-la des cieux saints, de ton trône de gloire envoie-la,
Exapóstilon aftín ex ayíon ouranón kè apó θrónou δóxis sou pémpson aftín,

ut mecum sit et mecum laboret, ut sciam quid acceptum sit apud te ; scit enim illa omnia, et intelligit,
pour qu’elle me seconde et peine avec moi, et que je sache ce qui te plaît ; car elle sait et comprend tout.
ína simbaroússá mi kopiássi kè gnó tí evárestón esti pará si ; íδe gar ekíni pánda kè siníi

et deducet me in operibus meis sobrie, et custodiet me in sua potentia.
Elle me guidera prudemment dans mes actions et me protègera par sa gloire.
kè oδiyíssi me en tès práxessí mou sofrónos kè filáxi me en ti δóxi aftís.

Quis enim hominum poterit scire consilium Dei ? aut quis poterit cogitare quid velit Deus ?
Quel homme en effet peut connaître le dessein de Dieu, et qui peut concevoir ce que veut le Seigneur ?
Tís gar ánθropos gnóssetè voulín Θeoú ? i tís enθimiθíssetè tí θéli o Kyrios ?

Cogitationes enim mortalium timidæ, et incertæ providentiæ nostræ ;
Car les pensées des mortels sont timides, et instables nos réflexions ;
loyismí gar θnitón δilí, kè episfalís è epíniè imón ;

corpus enim quod corrumpitur aggravat animam, et terrena inhabitatio deprimit sensum multa cogitantem.
un corps corruptible, en effet, appesantit l’âme, et cette tente d’argile alourdit l’esprit aux multiples soucis.
fθartón gar sóma varíni psiχín, kè vríθi to yeóδes skínos noun polifróndiδa.

Et difficile æstimamus quæ in terra sunt, et quæ in prospectu sunt invenimus cum labore :
Nous avons peine à conjecturer ce qui est sur la terre, et ce qui est à notre portée nous ne le trouvons qu’avec effort,
Kè mólis ikázomen ta epí yís kè ta en χersín evrískomen metá pónou ;

quæ autem in cælis sunt quis investigabit ?
mais ce qui est dans les cieux, qui l’a découvert ?
tá δé en ouranís tís exiχníassè ?

Sensum autem tuum quis sciet, nisi tu dederis sapientiam, et miseris spiritum sanctum tuum de altissimis [?]
Et ta volonté, qui l’a connue, sans que tu aies donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton esprit saint ?
Voulín δé sou tís égno, i mi sí éδokas sofían kè épempsas to áyión sou pnévma apó ipsíston ?

et sic correctæ sint semitæ eorum qui sunt in terris, et quæ tibi placent didicerint homines [,]
Ainsi ont été rendus droits les sentiers de ceux qui sont sur la terre, ainsi les hommes ont été instruits de ce qui te plaît
kè oútos δiorθóθisan è trívi tón epí yís, kè ta arestá sou eδiδáχθisan ánθropi,

Nam per sapientiam sanati sunt quicumque placuerunt tibi, Domine, a principio.
et, par la Sagesse, ont été sauvés.
kè ti sofía essóθisan.

III ― Psaume
Kyrie o Kyrios imón, os θavmastón to ónomá sou en pássi ti yí ;
Seigneur mon Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre !

óti ópsomè tous ouranoús, érga ton δaktílon sou, selínin kè astéras,
A voir le ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles,

ti estin ánθropos, óti mimníski aftoú ?
qu’est-ce donc que l’homme, pour que tu t’en souviennes ?

δóxi kè timí estefánosas aftón, kè katéstisas aftón epí ta érga ton χirón sou (Ps. 8).
Tu le couronnes de gloire et de beauté, pour qu’il domine sur l’œuvre de tes mains.

Anástiθi, Kyrie, en oryí sou, ipsóθiti en tis pérassi ton eχθrón sou.
Lève-toi, Seigneur, dans ta colère, dresse-toi contre les excès de tes ennemis.

Kè sinagoyí laón kiklóssi sè, kè iper táftis is ípsos epístrepson.
Que l’assemblée des nations t’environne, reviens au-dessus d’elle.

Kyrios kriní laoús (Ps. 7).
Le Seigneur est l’arbitre des peuples.

IV ― Credo
Credo in unum Deum, Pater omnipotentem,
Pistévo is éna Θeón, Patéra pandocrátora,

factorem cœli et terræ, visibilium omnium et invisibilium.
pyitín ouranoú kè yís, oratón te pándon kè aoráton.

Et in unum Dominum Jesum Christum, Filium Dei unigenitum
Kè is èna Kyrion, Isoún Χristón, ton Ión tou Θeoú ton Monoyení,

Et ex Patre natum ante omnia sæcula :
ton ek tou Patrós yeniθénda pro pándon ton eónon.

Deum de Deo, lumen de lumine, Deum verum de Deo vero.
Fos ek Fotós, Θeón aliθinón ek Θeoú aliθinoú,

Genitum, non factum, consubstantialem Patris, per quem omnia facta sunt.
yeniθénda, ou pyiθénda, omooússion to Patrí, δi ou ta pánda eyéneto.

Qui propter nos homines et propter nostram salutem
Ton δi imás tous anθrópous, kè δia tin imetéran sotirían

descendit de cælis,et incarnatus est ex Spiritu Sancto
katelθónda ek ton ouranón, kè sarkoθénda ek Pnévmatos Ayíou

ex Maria Virgine, et homo factus est.
kè Marías tis Parθénou, kè enanθropíssanda.

Crucifixus etiam pro nobis sub Pontio Pilato, passus est et sepultus est.
Stavroθénda te ipèr imón epí Pondíou Pilátou, kè paθónda, kè tafénda.

Et resurrexit tertia die secundum Scripturas,
Kè anastánda ti tríti iméra, katá tas Grafás.

et ascendit in cælum ; sedet ad dexteram Patris.
Kè anelθónda is tous ouranoús, kè kaθezómenon ek δexión tou Patrós.

Et iterum venturus est cum gloria judicare vivos et mortuos,
Kè pálin erχómenon metá δóxis, krínè zóndas kè nekroús ;

cujus regni non erit finis.
ou tis Vassilías ouk éstè télos.

Et in Spiritum Sanctum Dominum et vivificantem, qui ex Patre filioque procedit ;
Kè is to Pnévma to Áyion, to Kyrion, to Zoopión, to ek tou Patrós ekporevómenon,

Qui cum Patre et Filio simul adoratur et conglorificatur ;
to sín Patrí kè Ió simbroskinoúmenon kè sinδoxazómenon,

Qui locutus est per prophetas.
to lalísan δia ton Profitón.

Et unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam.
Is mían, ayían, kaθolikín kè apostolikín Eklisían.

Confiteor unum baptisma in remissionem peccatorum.
Omologó en Váptisma is áfesin amartión.

Et expecto resurrectionem mortuorum. Et vitam venturi sæculi. Amen.
Prosδokó anástasin nekrón, kè zoín tou mélondos èónos. Amín.

V ― Pater Noster
Pater noster, qui es in cœlis,
Páter imón o en tis ouranís

sanctificetur nomen tuum,
ayiasθíto to ónomá sou ;

adveniat regnum tuum,
elθéto i vassilía sou ;

fiat voluntas tua, sicut in cœlo, et in terra.
yeniθíto to θélimá sou, os en ouranó, kè epí tis yís.

Panem nostrum quotidianum da nobis hodie ;
Ton árton imon ton epioússion δós imín símeron,

et dimitte nobis debita nostra
kè áfes imín ta ofilímata imón,

sicut et nos dimittimus debitoribus nostris,
os kè imís afíemen tis ofilétes imón ;

et ne nos inducas in tentationem ;
kè mí issenénggis imás is pirasmon,

sed libera nos a malo.
alá rísse imás apó tou poniroú.

VI ― Sanctus
Sanctus, Sanctus, Sanctus
Áyios, áyios, áyios

Dominus Deus Sabaoth !
Kírios Savaóθ,

Pleni sunt cœli et terra gloria tua.
plíris o ouranós kè i yí tis δóxis sou.

Hosanna in excelsis !
Ossaná en tis ipsístis.

Benedictus qui venit in nomine Domini
Evloyimènos o erχómenos en onómati Kiríou.

Hosanna in excelsis !
Ossaná en tis ipsístis.

VII ― Magnificat
Magníficat ánima mea Dóminum
Megalíni i psiχí mou ton Kírion

et exsultávit spíritus méus in Déo salutári méo.
ke igalíase to pnevmá mou epí to Θeó to sotirí mou

Quia respéxit humilitátem ancíllae súae ;
Oti epévlepsen epí tin tapínosin tis δoúlis aftoú

écce enim ex hoc beátam me dícent ómnes generatiónem.
Iδoú gar apo toú nin makariousí me páse e yeneè.

Quia fécit méi mágna qui pótens est,
Óti epiisé mi megalía o δinatós

Et sánctum nómen éjus.
ke áyon to ónoma aftoú

Et misericórdia éjus a prógenie in prógenies
ke to éleos aftoú is yeneás yeneón

timéntibus éum.
tis fovouménis aftón.

Fécit poténtiam in bráchio súo ;
Epíise krátos en vraχíoni aftoú,

Dispérsit supérbos ménte córdis súi.
δieskórpisen iperifánous δianía karδías aftón ˙

Déposuit poténtes de séde,
Kaθíle δinástas apo θrónon

et exaltávit húmiles.
ke ípsose tapinoús,

Esuriéntes implévit bónis,
pinóndas enéplisen agaθón

et dívites dimísit inánes.
ke ploutoúndas exapéstile kenoús.

Suscépit Israel, púerum súum,
Andeláveto Israíl peδós aftoú

recordátus misericórdiae súae :
mnisθíne eléous,

sícut lócutus est ad pátres nóstros,
kaθós elálise pros tous patéras imón,

Abrahám et sémini ejus in sæcula.
to Avraám ke to spérmati aftoú is ton eóna.